Gros sabots

Buffle !

Buffle !

D.R.

Un ange passe, en slip blanc. Il traîne péniblement les casseroles de l’humanité sur le pavé d’Avignon. Il vient nous dire son ras-le-bol de nos conneries de simples créatures terrestres, porte-parole des anges déchus ou en passe de l’être. Démarrage fracassant avec ce personnage poilu et désopilant, le public est harponné, acquis avant même de s’installer. Mais qu’est-ce que « Buffle ! » ? Le trio entre en scène dans un boucan d’enfer, on assiste à un bordel clownesque excellemment chorégraphié, parfaitement absurde. C’est l’histoire d’un spectacle qui ne commence pas. Quelle belle proposition. Pour ne pas rater votre entrée, ratez-la en beauté.

Mais qu’est-ce que « Buffle ! » ? Après avoir vaillamment démontré sa maîtrise du drôle, le trio de chanteurs-musiciens-comédiens décapite brutalement le rythme imposé jusque-là pour couler dans la forme plus conventionnelle du concert poétique de ses compositions. L’assistance est déroutée. Pourtant, conventionnels, ils ne le sont pas. La réunion de ces trois artistes donne lieu à une expérience musicale surprenante, souvent dissonante, pas toujours accessible. Le spectacle a finalement commencé, ou bien s’agit-il encore d’une digression comique et cynique ? Avec « Buffle ! », nous ne savons pas sur quel pied danser : à la fois conteurs et acteurs de leur performance, les comédiens brouillent les pistes et nous perdent en route. Les textes léchés de Xavier Machault accompagnés du piano diabolique de Roberto Negro sont entrecoupés d’intermèdes déjantés sans grand rapport avec la choucroute.

« Buffle ! », c’est un cabaret polymorphe et piqué d’humour noir. « Buffle ! », c’est une formation étonnante, des artistes complets, généreux et sincères. « Buffle ! » aime tremper ses gros sabots partout où ça lui chante, au risque de nous laisser sur le bord du chemin.