En roue libre

Le Porteur d’histoire

Le Porteur d'Histoire

© Alejandro Guerrero

Alexis Michalik, désormais auteur et metteur en scène à succès, plusieurs fois récompensé aux Molières en 2014, s’installe en Avignon dans sa deuxième maison qu’est le théâtre des Béliers, pour y présenter une nouvelle fois la création qui a mis le public et la presse à ses pieds : « Le Porteur d’histoire ».

Un plateau dépouillé, juste quelques accessoires sans grande envergure éparpillés çà et là. Cinq comédiens en tenue neutre, comme surpris en pleine répétition, nous font face. La matière de base du travail de Michalik est bien là, disposée et façonnable. Tout commence avec la simple et banale histoire de Martin Martin, à la fois personne et chacun d’entre nous, traversant la France au volant de sa voiture pour se rendre à l’enterrement de son père. Rapidement la petite histoire personnelle rencontre la grande. Elles se mélangent et tourbillonnent dans un foisonnement incontrôlé de vies qui nous perd quelque peu tant les pistes se multiplient. Les comédiens endossent tant bien que mal une cohue d’illustres inconnus et de personnages célèbres, souvent peu crédibles et précipités par le rythme de la pièce. Les mimes approximatifs et le manque d’exigence dans la direction physique des acteurs peinent à convaincre lorsqu’il s’agit de faire apparaître sur scène l’atmosphère inquiétante d’une tente bédouine ou bien les secousses d’un avion déchaîné en plein vol.

Michalik a tout de même, il faut le reconnaître, l’art et le mérite de tisser dans les fibres de notre histoire des fils sortis de son imaginaire de manière si habile qu’on accepte d’y croire sans se poser de questions. De trésors en sociétés secrètes, « Le Porteur d’histoire » interroge notre besoin de fiction dans le récit de nos vies, intention malheureusement noyée dans un ensemble brouillon et fragile.