Zombieland

El Syndrome

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

C’est une chance insolente qu’ont eue les élèves comédiens de l’Estba d’être envoyés tout un mois en immersion à Buenos Aires auprès du metteur en scène et dramaturge autochtone Sergio Boris.

En chef de troupe, Boris s’est tout simplement inspiré de la situation de ces étudiants exilés comme base de travail. Voilà quatorze jeunes gens ondulant dans une cabane de Robinson aux faux airs de palace, foulant le sol de leurs démarches molles à travers les ordures et autres broussailles parfaitement bien disposées. Colo d’enfants sauvages séparés de leur terre d’origine, coincés là dans la forêt tropicale, touchés par un mal étrange qui les coupe du monde et de leur langue maternelle. Ils sont beaux, ces apprentis comédiens. Ils sont bien trop beaux, bien trop artistiquement crasseux pour être crédibles. Jeans déchirés et cheveux crêpés, les enfants perdus sont ici des créatures sublimes de papier glacé en plein défilé pour la nouvelle collection « jungle chic ». Nous assistons à une déambulation sans but, sans adresse et sans fond, terriblement égocentrique et creuse. On parle de poulet pourri et de clopes entre deux gorgées de bière et trois traînées de poussière. Le non-spectacle tourne à la démonstration de talents grotesque : l’une grattouille une guitare, l’autre fait gémir son violon, une autre encore improvise une roulade contemporaine informe. À mi-parcours de cette heure perdue, on espère que la flopée de spectateurs se dirigeant vers la porte de sortie va provoquer chez nos jeunes artistes l’envie d’être sur scène. Mais non.

Sergio Boris s’est laissé happer par les affres de la fascination pour la jeunesse, pour la beauté de la jeunesse, les jolies jambes et les torses bombés. Sordide.