Point de croisière nocturne en compagnie de Claude Régy, figure mythique du théâtre contemporain à contre-courant du flux d’images et de la rapidité qui caractérisent la modernité. « La Barque le soir » met en scène la dérive d’un homme, mourant, dans le courant du fleuve. L’expérience est laborieuse, presque scientifique, mais surtout très personnelle. Si le texte est incontestablement philosophique, il évoque aussi de manière surprenante la matérialité des choses. On sent l’eau, l’air, la terre, l’attirance irrépressible du fond de l’eau… La diction de Yann Boudaud englue les mots, comme la vase, ses pieds. Quant à la lenteur, elle distord tellement le temps que c’est au fond de soi qu’il faut puiser l’énergie de maintenir son attention sur chaque détail. On ressort de là épuisé, tendu, énervé. Mais lorsqu’on voit le visage apaisé de son metteur en scène, paraît-il présent tous les soirs dans la salle, on se dit que l’effort doit finir par payer.
En barque, un soir
La Barque le soir