Giotto solo (des vices et des vertus)

Giotto solo (des vices et des vertus)

(c) Thibaut Chapotot

Un corps entre les vivants et les morts, offert aux deux, simultanément ; c’est dans un espace transitoire que s’installent gestes et face de Carolyn Carlson. Cet hommage à Giotto, pensé sur une succession de tableaux – et le mot convainc ici –, illustre nos vices et vertus. Danseuse mystique, l’Américaine l’est indubitablement. Dans une représentation extrêmement brève, la temporalité se distord par le maniement d’une force physique qui réussit à circonscrire dans un espace étroit (un socle de 1 mètre de large) une force irrationnelle. La cyclicité des gestes, répétés tout en s’altérant, amène à révéler des images angoissées, et hallucinées, l’humain se danse et ses obsessions avec. L’outre-tombe qui s’offre à nous n’est jamais macabre, il captive plus qu’il n’effraie. La prêtresse et magicienne, la sacrifiée et l’éplorée, toutes ces femmes qui n’en font qu’une offrent un don qu’il faut pouvoir recevoir. Une danse folle, parce qu’elle propose un système de signification instable, mais autrement pur parce que défait de toute rationalité.