(c) Laura Bazalgette

Rencontre avec un acteur sonorisé qui utilise un prompteur… Cela laisse songeur. Faut-il un micro pour que la voix nous semble intérieure ? La mémoire étant bannie de notre époque dite moderne, l’acteur doit se servir d’un moyen moderne pour s’épargner l’épreuve de la confiance en sa mémorisation? Certes la sonorisation est subtile, mais elle n’oblige pas l’acteur à s’extérioriser. Alors très vite, la salle dort, tranquillement. Le texte est là, certes, nous en reprenons le fil à chaque réveil et il semble beau, intéressant. Malheureusement, Rodolphe Congé ne nous raconte rien de cette empathie dont il parle dans son programme. Il joue la prétention de celui qui sait, c’est extrêmement désagréable. On décroche vite et la rencontre n’aura lieu qu’à la dernière minute du spectacle où enfin, il vit le conflit intérieur qu’il essayait de nous partager depuis le début de l’heure. Là, on se met à vibrer. Mais c’est la dernière minute… Décevant. Il nous dit vouloir  placer le spectateur hors jugement, comme l’auteur le fait avec son lecteur, en travaillant le texte dans son oralité. Seulement, c’est tellement froid et plat que cela devient ennuyeux. Il est toujours difficile de se mettre en scène, comment se guider soi-même vers un autre sans l’attention d’un tiers ? La brochure parle de proposition et jeu, pas mise en scène. J’aurai dû lire attentivement… C’est donc, à mon goût,  une proposition qui relègue l’acteur un peu trop loin du théâtre dans sa dimension d’échange avec celui qui le regarde.