Bird Watching

Bird Watching

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Si beaucoup d’artistes ont un rapport souvent distant aux sciences (y compris humaines), reléguées alors au statut de prétexte et de justification de l’œuvre, ici, au contraire, le savoir scientifique devient la texture même du travail de Lawrence Abu Hamdan. Là où le regard s’éteint, le son vient suppléer à l’extinction du visible. Ainsi, l’artiste reconstitue graphiquement, en un geste d’abstraction imposé par le réel, l’architecture d’une prison syrienne. Seuls matériaux à sa disposition, les témoignages auriculaires de prisonniers eux-mêmes privés de la vision, les yeux bandés. Ressource juridique aussi, puisque le son permet de révéler les exécutions dont le régime a voulu supprimer toute trace. Ambivalence de l’écho donc, à la fois moyen de surveillance étatique et ressource de subversion, voire de survie. Autant dire que si la maîtrise intellectuelle impressionne, l’artiste ne parvient pas à lui donner la forme sensible adéquate, car malgré le nom de « performance » c’est en réalité à une conférence universitaire que nous avons assisté.