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Le silence du geste, l’expression plairait à Blanchot, mais pourrait aussi bien surgir des lèvres de Teshigawara, dont le travail poétique possède des armes redoutables pour lutter contre la complexité inhérente à la pensée du silence, abondant en paradoxes, et aux prémisses parfois illogiques. La prouesse des danseurs – silencieux – la musique – silencieuse – de Messiaen et de Takemitsu, rendent au silence sa dureté et son insaisissabilité. De ce silence né, naît aussi l’informité des corps, leur « spectralité », laquelle estompe les lignes et traits des mouvements. Une œuvre alternant entre deux polarités, le noir, le blanc, comme si le silence était foncièrement contradictoire. Le silence, chez Teshigawara, c’est aussi de l’ombre et cette manière de dilater le diaphragme des projecteurs pour rendre visible l’inaudible. Et quand un corps est posé à la lumière, tout incertain, tout indivis, la grâce surgit. Mais les derniers solos longuets entachent la pureté de la pièce, et gâchent, en nous faisant soupirer, le si beau soupir originel.