Bleu

Bleu

Une fermière s’en va au champ, tous derrière et elle devant (si possible avec la mélodie). Les foins sont coupés, les tas sont faits, montagnes de vermicelles qui s’érodent sous la fourche. (Ingrédient : farine de blé dur). Ramasser la paille (manière emphatique et avec une once de nostalgie). Moment important dans la vie de la ferme, le ramassage de la tige après que la moissonneuse-batteuse a recueilli l’épi qui partira au moulin pour créer cette précieuse farine qui fera entre autre l’ingrédient principal de ce vermicelle de blé dur dont ce champ est l’uterus primordial (prendre une grande inspiration avant de lire pour accéder au sens). Godard a dit : « Un film c’est un début, un milieu, une fin mais pas forcément dans cet ordre. » Mais, me direz-vous (césure) pourquoi bleu ? Peut-être (avec humilité) que le drame du fermier, le moment où tout le travail pourrait être gâché, tout le fourrage n’être plus que foin à purin, où tout ce bon aliment (de préférence sans OGM) pour vaches et autre ruminants ne deviendrait que nid à champignons. Quand on est paysan, on est dépendant du ciel. Suivant les moments, le danger c’est le soleil ou la pluie. Quand rien ne bouge, ça amasse mousse et l’ennui prolifère comme entre les grains ici aussi devenus poussière.