On se demande ce qui pousse ce jeune collectif lyonnais à jouer une histoire si sordide tous les soirs. On se demande aussi comment ils font pour supporter la tension qu’ils installent sur la scène. Le questionnement du climat de peur général et de la banalisation de la haine de l’autre va pourtant de soit au lendemain des attentats. Cette histoire de quartier, où la psychose tourne à l’assassinat collectif d’un jeune garçon, cristallise nos peurs, notamment celle de la surenchère de la violence, quotidienne et banalisée. Avec beaucoup de finesse et une énergie impressionnante, les comédiens jouent avec les extrêmes de l’amplitude de colère et de résignation, de haine et de compréhension. Lorsque les cris laissent place au silence, on accepte l’acmé initiale, ce pénible moment si réel auquel le sous-sol en pierre exigu du Théâtre du Fou dresse un environnement parlant.