The Dark Master

The Dark Master

Alors que la scène française théâtrale en est tout à nous faire entendre un pêle-mêle de voix, qui sur le mode de l’oratorio, qui sur celui de la chorégie, le Japon fait parvenir par l’intermédiaire de Tanino une voix souterraine qu’un dark master prononce à son apprenti cuisinier pour l’aider à exceller aux fourneaux. Branchée sur la fréquence d’un subconscient collectif, la voix tisse une fable à propos d’un Japon contemporain, assailli de maints côtés, travaillé et broyé par un capitalisme ordurier qu’on espère malingre. Le dispositif ingénieux donne à chaque spectateur un écouteur pour que celui-ci se livre aussi aux forces phoniques proprement persuasives, amplifiant sur le mode de l’écho un principe phare : la double énonciation résonne alors partout. Mais quelque chose d’un peu âcre reste en bouche, en dépit de la finesse du texte – peut-être le goût d’une patine à dépolir.