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Sur une scène dépouillée s’agitent les danseurs d’ « Au bout du souffle », comme pour mimer le combat éternellement recommencé entre la liberté et l’aliénation. Au centre de cette chorégraphie conçue par Hubert Petit-Phar et Delphine Cammal, les gestes de lutte viennent s’inscrire dans les corps des danseurs et les parcourent comme une onde à laquelle il s’agirait tout à la fois d’obéir et de résister. Aller au bout du souffle, c’est précisément expérimenter ce qui se trouve au-delà des forces vitales, comme un surplus dont nous devrions nous mettre en quête. Ce surplus est bien celui qui fait écho à l’héroïsme – car Hubert Petit-Phar s’est inspiré des figures dites « héroïques » que sont Louis Delgrès (anti-esclavagiste guadeloupéen) et Jean Moulin pour imaginer ce spectacle, posant à l’horizon de ses danseurs l’idée du sacrifice pour une cause et d’un engagement total. On voit dès lors ces corps qui se débattent, comme si l’ennemi était avant tout en eux, cherchant cet au-delà – après la bataille, après l’épuisement – qui permettrait de déplacer des montagnes de manière infinie. Malgré des moments où celle-ci affleure dans toute sa force, la chorégraphie souffre par moments d’images trop attendues. On retiendra pourtant le souffle final, expiration collective qui ramène à la sensation d’une lutte qui se réaliserait avant tout en commun.