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« Une fois sur scène, il arrive que la magie opère, qu’un détail apparaisse, qu’une contradiction prenne enfin sens. » Ou pas. C’est sans doute ce manifeste dramatique insoupçonné, puisé à la fin du roman de Slimani, qui a motivé la Comédie Française et Pauline Bayle à adapter son Goncourt. Reconduisant une même sobriété esthétique que dans ses épopées homériques (même si avec ce mur blanc moisissant en fond de scène, l’inconvenance scénographique n’est jamais loin), la jeune metteur en scène reconduit son habile distribution dégenrée, où les femmes jouent de jeunes garçons et inversement. Peinant à offrir une vraie théâtralité à sa transposition (la séquence des chiens affamés atteint par exemple une violence scénique trop vite désavouée), cette production semble condenser cliniquement la démonstration sociologique et psychologique déjà offerte par le roman sans rien faire advenir de plus. Avec ses airs de “théâtre brut”, cette adaptation écrite d’avance n’évite malheureusement pas les écueils du “rasoir”.