Guillaume, Jean-Luc, Laurent et la journaliste

Guillaume, Jean-Luc, Laurent et la journaliste

(c) Arthur Crestani

Inspirée par les interviews provoc de l’écrivain et militant Guillaume Dustan (1965-2005), figure de la littérature gay de la fin du xxe siècle, la jeune metteur en scène Jeanne Lazar signe un spectacle en forme d’émission littéraire. À la lisière du reenactment, les quatre acteurs nous plongent dans l’univers Technicolor des années 1980, années sida et vestes en jean, à coups de débats inspirés par les positions radicales de Dustan : individualisme, usage récréatif des drogues, pratique du « no capote », tout y passe. En filigrane des ego boursouflés mis en avant par la forme télévisuelle surgissent toutes les défaites et inquiétudes du « milieu gay », cette peur de la mort liée à l’épidémie de sida dont le spectre plane sur chaque parole. Ainsi, on passe du sexe débridé à la mention de tel ou tel ami perdu, de la revendication de la liberté absolue au désir d’amour. Toute en subtilité, Jeanne Lazar nous dresse donc un portrait très réussi des contradictions d’un auteur que l’on a longtemps considéré comme le chantre du mépris, pour en faire celui d’un homme qui a tenté d’expérimenter une forme de liberté jusqu’au bout. À voir, que l’on connaisse ou non les œuvres de Dustan.