J’arriverai par l’ascenseur de 22 h 43

J'arriverai par l'ascenseur de 22 h 43

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Philippe Soltermann voue un culte à Hubert-Félix Thiéfaine, et, comme celui de tous les fans un peu sérieux, cet amour envahissant déborde de tous les côtés, du sweat à capuche sérigraphié aux litanies d’anecdotes. C’est à un seul-en-scène excessif par nature que l’auteur-acteur s’engage, sans ménager son énergie, pour nous transmettre un peu de la fougue qui l’anime depuis l’adolescence. Ils sont importants, ces compagnons de route, et leur distance relative avec la réalité du quotidien les rend parfaitement fiables ; bons ou mauvais vents, eux, ils sont toujours là, noircissant de leurs mots nos folies passagères. C’est ce trop-plein généreux qui emporte l’adhésion, et, malgré un jeu très extériorisé qui frôle parfois l’hystérie et une mise en scène volatile, le spectateur, amateur ou non du chanteur, garde avec lui des morceaux de poésie à vif. Une chanson aussi, « Petit matin 4.10 heure d’été », entendue de la première note au dernier souffle, fumée, contre-jour et mime admiratif derrière le micro, s’incruste tendrement dans les têtes comme un hommage ou comme une révérence.