De « Bruges la morte » à « Aziyadé », les récits fin de siècle sont décidément peuplés de muses fugitives que l’on ressaisit par l’insuffisance du langage et la puissance du symbole. C’est dans ce crépuscule orientaliste que s’engouffre la parole de Xavier Gallais, ouvreuse d’images maintes fois complice des spectacles d’Arthur Nauzyciel, projetée ici depuis un studio d’enregistrement solitaire, dans un micro qui n’émousse jamais les tressaillements intimes mais amplifie au contraire les ramifications secrètes de cette ténébreuse enquête au pays. D’une main « en signe » qui déporte la parole dans ce qui lui échappe, Gallais donne grain et chair à la perte, et « comme change un décor de féerie au coup de sifflet des machinistes » son spectacle est une lanterne noire, hypnotisante et bouleversante, éclairant la plus théâtrale des disparitions.
Le Fantôme d’Aziyadé
Le Fantôme d'Aziyadé