Matière morte

A Pink Chair (In Place of a Fake Antique)

© Maria Baranova

En cumulant interviews de la fille de Kantor, vidéos de répétitions et reprises mimétiques de « Je ne reviendrai jamais », ainsi qu’une conclusion en l’honneur du « Retour d’Ulysse » (le premier spectacle du metteur en scène, joué dans un appartement bombardé en 1943), The Wooster Group démontre avec brio l’échec de son projet dans un dispositif technologique à la platitude savante. « A Pink Chair » cherche à opérer une « rencontre » avec Kantor, mais en insistant sur l’aspect documentaire (hagiographique malgré lui, quoi qu’en dise Elizabeth LeCompte), le spectacle ne prend finalement aucun risque créatif – de sorte que les acteurs se retrouvent péniblement réifiés au sein d’un plateau à la scénographie monochrome : on est loin du bio-objet, et encore plus loin des effusions baroques… La représentation s’est éloignée – pour ne pas dire perdue – dans un méandre autotélique, où chaque « partie » échoue sa nekyia. N’eût-il pas fallu envisager l’échec et le ratage, quitte à trahir vulgairement le polonais, plutôt que de se réfugier dans un confort dramaturgique où l’expérimental rime avec le désuet ?