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La nuit n’est pas une matière sécable : il faut la prendre toute entière ou choisir de l’ignorer par le sommeil. Et puisque le “Petit Eloge” a choisi la veille, il doit composer avec ce qu’elle charrie de questions sans réponses, de saisissements intérieurs, de dérèglement des sens, de jouissance de la chair. Pierre Richard est seul en scène, et pourtant jamais tout à fait, convoquant une pléiade de descripteurs de la nuit, portant la voix de la romancière Ingrid Astier tout autant que des fantômes de Nerval ou de Bashung. La mise en scène de Gérald Garutti, jouant avec finesse sur la force de l’obscurité, des contrastes et des silences, déploie une hybridation des genres (musique, vidéo). La tendresse et la poésie naturelles de Pierre Richard le maintiennent sur le versant nocturne baudelairien, celui qui y voit le “signal d’une fête intérieure et comme la délivrance d’une angoisse”, faisant de “L’Eloge” un spectacle d’une mélancolie douce.