Polympe[s] – Cie [IF]

Sur un air de Patti Smith, on nous fait patienter dans un sas aux allures de vestiaire dont les murs sont placardés de photocopies d’extraits de journaux, de textes, photographies et citations en tous genres. Ce wall of fame bricolé retrace la vie d’Olympe de Gouges, femme de lettres et figure politique du XVIIIe considérée comme l’une des premières féministes françaises. Auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle se distingua aussi en son temps pour son activisme dans la lutte contre l’esclavage ou contre la peine de mort, s’imposant comme une figure libertaire dont les textes sans compromis marqueront durablement les esprits mais la conduiront néanmoins sur l’échafaud.

À mi-chemin entre le concert pop et l’installation visuelle, la performance Polympe[s] explore les écrits d’Olympe de Gouges et tâche d’en souligner les résonances contemporaines. Tel un patchwork, les deux comédiens de la compagnie romande [IF] s’emparent de ces extraits et les insèrent de manière un peu artificielle dans un répertoire de chansons qu’ils ont composées, entre plaidoyers pour une liberté de ton et d’action et réquisitoires fustigeant la société genevoise ordonnée et bienpensante. Le capitalisme, le conformisme social, la liberté sexuelle, la lutte des classes, tout y est. Ils digressent d’un registre musical à un autre, hybrident les mots et s’échangent les poses. Si l’on doit leur reconnaître une énergie vivace tenue de bout en bout du “show”, ce qu’ils tentent d’opérer nous tient dans une certaine perplexité. Gouges se retrouve noyée dans le flot de revendications mais résiste néanmoins par la force novatrice de son propos alliée à l’efficacité de son style littéraire. Ainsi, de l’expérience musico-poétique de Polympe[s] l’on ne gardera peut-être que cela : notre plaisir de rencontrer ou de retrouver cette héroïne impudente trop rarement célébrée.