Sur la scène théâtrale suisse, le Théâtre de Carouge est un des rares à assumer son goût pour un théâtre populaire et passeur de répertoire. Sa dernière proposition shakespearienne, mise en scène par Dan Jemmett, force malheureusement trop le trait du ludique et de la farce. “Le Songe d’une nuit d’été” est « aussi » l’œuvre d’un grand enfant, insiste Jemmett. Nous avons envie de lui répondre qu’il s’agit « aussi » de l’acmé d’un démiurge, d’un métaphysicien et d’un politiste. Occupé à sur-diriger ses (bons) comédiens, abusant d’une scénographie utilitariste et gaguesque, plaisante certes, mais venant rapidement à bout de ses ressorts comiques, Jemmett obtient le rythme enlevé qu’il voulait, fait de sauts, gesticulations et autre tirades saillantes puissamment envoyées, pour aboutir à un « variety show », une sorte de « burlesque » Broadway-like. En renonçant à la profondeur poétique du texte, en ne se donnant pas le temps d’attendre que sa magie embrumée nous étreigne, et finalement nous perde, a-t-il participé davantage à sa transmission ? Ce n’est pas sûr.
Shakespeare invisible
Je suis invisible ! d'après Le Songe d'une nuit d'été