Yaron Herman : “Songs of the Degrees”

Yaron Herman : "Songs of the Degrees"

Il y a dans la nouvelle vague du jazz israélien une inventivité fascinante qui semble réussir à porter son message musical bien au-delà des frontières les plus circonscrites du jazz contemporain : c’est le cas avec Shai Maestro, Avishai Cohen (le trompettiste) et leur aîné devenu une star mondiale, le contrebassiste Avishai Cohen. Né en 1981, féru de mathématiques et de Deleuze, Yaron Herman se situe dans cette mouvance qui trace sa route dans un dosage subtil de musicalité métissée, absorbant à la fois l’héritage symboliste post-debussyen (“From The Sun”), le jazz modal et les grooves bluesy plus expansifs (“Just Being”) : introspectif, son album “Songs of the Degrees” est d’abord voulu comme une plongée émotionnelle qu’il exprime en allant creuser le sillon pianistique dans toutes les directions à la fois. La première partie du concert au Trianon est délivrée d’un seul tenant, sans pause entre les morceaux, liés entre eux par des improvisations aux petits oignons portées par ses deux camarades, les talentueux Ziv Ravitz (batterie) et Sam Minaie (contrebasse). La seconde moitié est plus intimiste encore, à l’image de “Shadow Walk”, et conclue par trois rappels, qui confirment chacun à leur manière la finesse du jeu pianistique et la précision dans les interactions du trio.