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Assister à l’échec passager d’un grand metteur en scène est toujours cuisant. Certes, Arthur Nauzyciel ne pouvait rattraper la vacuité sidérante du texte de Pascal Rambert, qui réduit la  violence masculine à des clichés physiques et symboliques dénichés dans un Titeuf écorné (« comme le ver pénètre le bois je la pénètre en silence ».…) Incarnée dans un espace moins abstrait que ses « installations » toutes blanches, sa langue très frontale révèle encore davantage ses facilités conceptuelles et dramaturgiques. Rambert commet de surcroît une grande erreur philosophique, faisant dire à l’un de ses personnages que la langue autoritaire des hommes s’approche abusivement des choses et des idées. Alors, leur langage n’est jamais envisagé comme construction mais comme essence. La rhétorique de Rambert est par là même une poétique sans tremblements, une lyrique “masculine” (pour contourner Hélène Cixous) sans dissensus. Le quatuor viril qu’il compose n’offre aucune dialectique dans ses vociférations pseudo-poétiques et répétitives. Cela dit, Nauzyciel pèche lui aussi par l’orgueil dantesque de sa mise en scène, qui ne fait qu’asséner des images et démontrer la violence. Les grand.e.s comédien.ne.s qu’il rassemble restent toujours sur le seuil du grotesque et de l’organique. Lorsque Marie-Sophie Ferdane, boucle d’or cendrillonnante, lance de la viande à un hibou rebelle ce soir-là, le conte cruel apparaît dans toute sa cruelle prétention.