© Claude Pavelek

La magie de Djénane (alias Bébel) est la plus anti-spectaculaire qui soit. Tout commence pourtant, dans son spectacle éponyme, comme une séance de close-up des plus traditionnelles, où la virtuosité légendaire du magicien est transcendée par une apparente innocence. Les cartes semblent filer entre les doigts d’expert du manipulateur. Aussi, quand la séance devient mutique et que l’efficacité de l’effet tente de laisser place à l’émerveillement poétique, quelque chose de cette enfance cartomagique se perd paradoxalement. Les bruitages et la vidéo enrobent les miracles manuels, et nous contemplons alors les apparitions, les départs et les retours de ces cartes-colombes comme des événements dramatiques un peu trop répétitifs. Saluons l’audace de Bébel, qui a su mettre à l’épreuve sa maîtrise absolue du détournement d’attention et de la surprise vertigineuse en sortant la magie des cartes de sa logique bluffante. Mais force est de constater que « Djénane » n’est pas encore abouti dramaturgiquement pour satisfaire notre rêve d’une magie nouvelle.