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« La stratégie de Rocky commence à apparaître » hurle le commentateur endiablé. Lise (racontée par Clotilde Hesme, toujours épatante, et hantée par Rocky) vêtue d’un cachemire rouge (mais peut-être est-ce un sac de frappe sanguinolent), suit le combat d’un œil rêveur. Son histoire, recousue entièrement au passé simple, vibre dans l’immanence du sol blanc, éternelle surface des possibles. Le spectacle conçu par Fabien Gorgeart, Clotilde Hesme et Pascal Sangla ressemble à un film sans images, qui aurait dû s’affranchir davantage du régime narratif. Les passages corporels (en particulier ce gracieux numéro de claquette sportives qui suggère les combats balbutiants de l’héroïne) dérident heureusement la forme, tout comme ces parenthèses analytiques et très drôles qui décortiquent les rouages masculinistes du plus célèbre « tube commercial en do mineur » (« Eye of the Tiger » !) Révéler les failles du bodybuilder et celles de la grosse machine à baffes hollywoodienne s’avère croustillant et opérant, mais le geste aurait dû être poussé davantage (le spectacle est un peu court). Pour que Rocky ne soit pas que le prétexte insolite et anecdotique d’un nouveau mythe féministe. Pour que le performatif se mêle plus intensément au narratif et transforme le plateau en ring, sans talc et sans fard, de toutes les guerrillères balboa-tiques.