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Lointaine est l’île brute de Peter Brook. Ce Shakespeare historique de 1990 qui, selon nos aîné.e.s, condamne les futurs ouragans à n’être que des ersatz spectaculaires. Nous nous méfions des légendes théâtrales, mais force est de constater que les “Tempêtes” que notre jeune âge a pu voir (celle de Robert Carsen en 2018 à la Comédie Française et celle d’Alessandro Serra, production italienne présentée en cette édition avignonnaise) semblent préférer l’opératique au dramatique. Ici, la scène est davantage préoccupée à rivaliser matériellement avec l’ampleur cosmique de la pièce qu’à traiter les humanités échouées qu’elle met en scène. La promesse inaugurale d’un rideau noir en lévitation, qui flotte entre des rives castellucciennes et jollyennes, n’y fait rien. Les corps classiques (et parfois problématiques, lorsque le seul acteur noir distribué endosse le rôle de Caliban) qui foulent ce radeau onéreux révèlent immédiatement l’esthétique factice et incohérente de cette « Tempête » sans dramaturgie.