©Pierre Planchenault

Il y a dans la danse de Marcela Santander Corvalán, qu’elle soit solitaire ou partagée à quatre corps, une puissance qui nous arrache et nous emporte. On plonge ici de manière quasi organique aux racines d’une humanité écrasée par le poids des pierres accumulées pendant des siècles. Ces quatre corps, traversés par des voix en sourdine, entrent dans une transe souterraine qui fait trembler même les rochers de la Puerta Del Sol. Comme une dernière explosion de désir avant la nuit de l’humanité. Marcela Santander Corvalán nous convie à un étrange et fascinant voyage au cœur de ses racines et de la Terre que nous portons, tel Atlas, sur nos frêles épaules. Si notre force n’a rien de titanesque, la rage tellurique et organique des corps des danseurs, dessinant les courbes et les lignes d’une humanité si lointaine et si proche, est capable de déplacer des montagnes. Et quand l’humanité s’éteindra, il restera ce feu, dans la nuit, allumé par notre désir.