Peu s’en est fallu que Jean-Daniel Broussé ne se soit appelé Bertrand Broussé. Comme M. Bertrand Broussé, son père. Et son grand-père, du même nom. Il allait être la quatrième génération de Broussé à tenir la boulangerie familiale aux alentours de la ville de Pau. Et puis finalement non. Il est parti à Londres, a fait son coming-out, s’est formé au cirque aux Roundhouse Studios puis Circus Space et est devenir l’acrobate le plus camp du monde du cabaret. Il a aussi été diagnostiqué intolérant au gluten, traduction gastro-métonymique de ce qui précède. Il a décroché, au passage, de nombreuses récompenses internationales pour son spectacle “KNOT” avec sa partenaire de main à main Nikki Rummer. Par ailleurs, il bosse dans un restaurant car dans l’Angleterre que nous connaissons aujourd’hui, vivre des métiers du spectacle c’est pour les happy few et les rentiers.
Ce premier spectacle solo intitulé “le (PAIN)” est assis entre deux chaises. Si ce n’est plus. Il y a du cabaret dans la familiarité du texte et du rapport au public, dans l’humour, dans le rythme et la structure en numéros. Or, sur le grand plateau de The Place, centre de la danse contemporaine londonienne, on se demande parfois s’il ne se fait pas manger par l’espace et par l’esprit du lieu. Mais le charme du spectacle – le sien aussi – mêlé à des codes marqués des scènes contemporaines convainc peu à peu de la légitimité de cette proposition dans ce type d’établissement. Jean-Daniel Broussé danse, raconte son histoire, projette des images d’archive de sa famille, conte des récits en occitan, tout en faisant du pain pendant 55 min de spectacle. Il malaxe les influences qu’il a en main pour proposer un genre de spectacle total, autobiographique et documentaire, dont l’ambiance échauffée de la salle indiquait le succès.