(c) Martin Argyroglo

Comme presque toujours chez Philippe Quesne – de « La Mélancolie des dragons » à « Crash Park » en passant par « La Nuit des taupes » – il est question d’un environnement naturel au sein duquel les hommes surgissent d’abord comme une incongruité, et c’est de la confrontation et du jeu des protagonistes avec les éléments scénographiques que jaillit un détournement poétique du monde. Après un générique vidéo intensifié par une BO de grosse production hollywoodienne, on s’interroge si l’étrange mission de nos cinq héros interstellaires en combi jaune fluo n’est rien de moins que de réenchanter la galaxie en communiquant avec des astéroïdes dépressifs. Derrière le pitch abracadabrant, la satire du space opera filmique est aussi un prétexte dramaturgique : c’est autour d’un clin d’œil au théâtre lui-même, à sa machinerie visible et invisible et à son rapport au ludique que se nouent les séquences plus ou moins drolatiques de ce pseudo-drame cosmique et circassien déjanté. On pourra se sentir manipulé par ce ressort d’encanaillement conceptuel jouant sur un double plaisir plastique et régressif un peu trop étiré et peu trop gazeux pour fonctionner pleinement. Mais plaisir qui parvient tout de même à se magnifier dans une sorte d’éco-utopisme à la fois doux et mélancolique.