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Un certain film de Christopher Nolan avait redonné aux magiciens du siècle dernier un prestige qui manque cruellement à la kitsch prestidigitation contemporaine. Prestige de l’illusionniste en complet rétro, à la moustache tressée à la baguette, à la scénographie épurée, au discours aussi philosophique que bonimenteur, un illusionnisme d’expériences que le mentaliste Viktor Vincent rabiboche à son tour. A ceci près que l’artiste ne s’enlise jamais dans le magnétisme autoritaire que l’on attendrait (celui d’un Mesmer), et que ses incroyables pouvoirs sont toujours rendus à ceux qui l’ont inspiré. Des hommes et des femmes mentalistes du premier XXe siècle (de Gloria à Lewis) dont les portraits se mettent progressivement à parler et à révéler leurs indices invisibles. Extrêmement bien écrit et calibré (tous les pans du mentalisme, de la révélation des souvenirs à la roulette russe version arme blanche, sont dépliés), ce « Mental Circus » steampunk et minimaliste est une réussite majeure de la magie nouvelle, car les mystères qu’il énumère sont parfois moins grands que le plaisir immersif et intellectuel qu’il procure globalement.