© Pascal Gély

La volonté de Louise Moaty de porter sur scènes les Sonnets de Shakespeare n’est sans aucun doute pas étrangère au 400e anniversaire de la mort de l’auteur célébré dans le monde entier durant cette année 2016. La jeune comédienne et metteur en scène s’est totalement investie dans ce projet marquant la création de sa compagnie, allant jusqu’à signer une nouvelle traduction de la poésie shakespearienne avec Raphaël Meltz. La proposition scénique se dévoile sous la forme d’un duo évoluant dans une pénombre romantico-glauque ; elle déclamant les vers, lui, Romain Falik au luth, pinçant les notes de John Dowland. Plantés dans un monticule de terre noire parsemé de fleurs en plastiques, les deux comparses s’enfoncent dans un rythme répétitif alternant poésie et musique sans progression dramaturgique en vue et dans une mise en scène poussiéreuse à souhait. Ils font du “beau”. Oui, mais alors du “beau” tout petit qui ne permet tout simplement pas d’entendre la grandeur du texte. Chaque mot, chaque geste, chaque pas de danse esquissé meurt avant d’avoir pu nous atteindre : on en vient à se demander à qui ce “beau” est adressé. L’ensemble souffre d’une extrême fragilité, celle de n’avoir pu bénéficier d’un regard extérieur : Louise Moaty ayant fait le choix dangereux de travailler seule. Les Sonnets s’éteignent donc sans étincelles, absorbés par la terre, sans avoir provoqué ce surplus d’humanité si cher et vital à la scène.