Vingt-quatre heures de la vie d’un clown

Moby Mick. La Merveille de la baleine

(c) Robert Etcheverry

(c) Robert Etcheverry

Imaginez un clown enfermé dans le ventre d’une baleine. Que pourrait-il bien lui arriver, plongé dans les profondeurs subaquatiques, avec pour seule compagnie les crustacés que le monstre des mers ingurgite ? Siffloterait-il des mélodies en rythme avec le chant de la baleine ? S’amuserait-il avec les différents accessoires que le cétacé abrite ? Ou jouerait-il les clowns tristes, dévoré par le silence et l’ennui ? C’est autour de cette variation empruntée au mythe de Jonas ou à Carlo Collodi que le clown Mick Holsbeke a construit son premier spectacle en solitaire.

Bien connu des habitués du Cirque Plume, cet artiste américain truculent inclut dans son solo des numéros peaufinés au fil des années et qui mêlent avec brio les arts de la piste. Jonglage, équilibre, acrobatie, chant ou danse, le spectacle est aussi complet qu’inventif. On y trouve avec délectation un chapeau qui a la bougeotte, un vélo qui roule sans se préoccuper du positionnement de son vaillant cycliste, ou encore des bungees, cordes dans lesquelles notre moussaillon s’enroule et se suspend, provoquant rires et vertiges.

« Le Voyage de Moby Mick », créé au Quartz en octobre dernier, est aussi tendre que burlesque, l’infortuné marin s’avérant incapable de remonter à la surface. Et c’est tant mieux. Niché à l’intérieur des entrailles de son mammifère, notre clown met en œuvre une exploration de l’intime. Comme si en se coupant du monde et en prenant le temps d’étirer les numéros, il se lançait paradoxalement dans un voyage initiatique entre quatre murs. Une recherche artistique teintée de mélancolie, qui se joue sur un fil et où la poésie n’est jamais absente.

Des chansons d’enfance accompagnées au ukulélé, des onomatopées drolatiques et des exclamations en anglais viennent habiller le paysage sonore de ce spectacle, perturbé par les régurgitations et les déambulations de la mystérieuse baleine. Un tandem touchant et libérateur.