© Anna Prokulevich

Chaque année, pendant un mois, la péniche La Pop accueille un projet artistique qui rejoue son credo : la musique mise en scène et l’expérimentation sur le sonore. Cette année, Robin Meier et André Gwerder ont bousculé la cale de fond en comble. « Synchronicity » nous invite à plonger dans un univers surprenant, tapissé de pénombre rouge, empreint d’une chaleur tropicale et ponctué de nombreux instruments scientifiques. Deux pendules accueillent le visiteur. Leur mouvement régulier est le prélude à l’expérience en cours : au rythme de leurs pulsations, différentes ondes sont projetées sur des moustiques et des sauterelles qui y répondent respectivement par le battement de leurs ailes et leurs stridulations. Plus loin, sur de petits écrans, est diffusé une expérience réalisée dans des mangroves d’Asie sur la synchronisation spontanée de lucioles. Une masse de minuscule points lumineux répond au stimulus de LED, formant ainsi un ballet inattendu au milieu du grouillement nocturne.

L’installation-laboratoire fascine autant par la simplicité de son propos que par l’ingéniosité de sa mise en scène. Le biologique répond à l’humain qui se manifeste par le biais d’un l’algorithme et cette réponse de l’insecte crée une apparence de communication troublante. De courts cycles sonores ronronnent tandis que les petits pendules – sur lesquels dépend tout le reste de l’installation – conservent une grâce imperturbable. Le cadre intemporel de l’expérience nous fait basculer dans une sorte de transe où seul compte l’attention au détail sonore et visuel. Le stimulus, réponse biologique minimale et universelle, apparaît ici sous le voile transfiguré d’une magie surprenante qui ne nous quitte plus. La péniche s’est métamorphosée en un îlot témoin d’une aventure autant fascinante qu’étrange, au seuil de l’été.