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La grande salle des Amandiers. Plateau nu. Lumière blanche. Quelques carafes d’eau pour se désaltérer. « Dying together » est une invitation à vivre une expérience silencieuse sur le thème de la mort.

Le spectacle propose d’explorer ce qui nous touche face à des évènements de morts tragiques, des drames contemporains qui ont été fortement médiatisés. “Dying together” est une performance douce et immersive où artistes et spectateurs se confondent. Trois évènements sont ainsi abordés : le crash de Germanwings de 2015, un naufrage d’un bateau de migrants aux abords de Lampedusa et l’attentat du Bataclan. Les faits sont racontés au micro, et tout ce qui est énoncé a été scrupuleusement vérifié, nous explique-t-on. Puis se dresse une liste exhaustive des personnes connectées à chacun de ces drames : à la manière des listes des victimes de la Shoah que l’on trouve dans les mémoriaux et dont les noms s’étalent sur des surfaces vertigineuses, la gravité, par le poids du nombre, se dépose sur nos épaules. Les performeurs invitent un à un les participants à représenter une personne listée afin d’explorer ce qu’il ressent. Entre les trois évènements abordés, les performeurs se joignent à plusieurs pour déplacer une lourde pierre — métaphore de ce poids que l’on transporte, que l’on dépose et qui nous unit. Le spectacle pourrait ainsi être une réponse à la phrase Kafka : “Loin, loin de toi se déroule l’histoire mondiale, l’histoire mondiale de ton âme.” « Dying together » nous enjoint précisément à faire, dans un espace-temps défini, l’expérience de notre responsabilité au sens où face à un évènement nous émettons bien une vibration de réponse physique, émotionnelle, relationnelle, quelle quelle soit. Chacun réagit ainsi à sa manière et garde son libre-arbitre. Ainsi un participant peut-il refuser de s’identifier au copilote qui a dévié volontairement l’avion conduisant à la mort ou bien choisir de le prendre en charge, quelques instants. On peut néanmoins douter de la force de cette proposition pleine de bons sentiments. La mise en scène est tout à fait minimale et le rythme n’évolue pas au cours des trois heures de l’expérience, pouvant faire sortir de cet état emphatique que semblent vouloir provoquer les artistes.