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Il est délicat de se livrer à un exercice critique analytique quand les protagonistes du projet sont vingt adolescents amateurs qui s’exposent avec fraîcheur aux regards du public et aux intentions d’une chorégraphe. Perrine Valli tente de mettre en scène une fable qui évoque les nouvelles connexions de la jeune génération avec le virtuel et comment ils dealent avec ces données qui redéfinissent les frontières du réel. Ambiance futuro-technologique donc, tous pourvus d’un casque lumineux bleu qui, s’il les coupe du monde et les transforme en personnages de manga tendance « soupe aux choux », les rend a minima graphiques et visibles. Reconnaissables non, c’est à une masse que nous avons à faire, un agglomérat de corps qui naviguent entre des sources lumineuses indirectes, rappel évident de la luminosité caractéristique des écrans. C’est déjà une prouesse de maîtriser ce fluide humain, matière vierge et instable, et l’on sent tout le travail pour que ce groupe s’uniformise, intègre un vocabulaire chorégraphique et comprenne l’enjeu de leur présence sur scène (on soulignera avec admiration la magnifique présence de Sasha Gravat-Harsch qui sait instinctivement capter et garder l’attention). La principale problématique vient du propos que l’on a du mal à cerner ; le texte assez naïf et la musique omniprésente semble plutôt appartenir à un passé proche qu’à une projection vers demain. Comme si finalement on tentait de plaquer les visions du futur de cinquantenaires sur des corps d’enfants. Comme si pour évoquer une issue mystique à toute cette technologie, on devait user d’un mât chinois et d’un acrobate tout d’or grimé, bougie vacillante à la main. En résulte une ambiance rétrofuturiste un peu datée qui cloisonne l’intention initiale entre des murs étroits malgré toute la bonne volonté des interprètes en herbe et la dextérité de leurs aînés.