Le Ballet de Genève en trois temps trois mouvements

Minimal Maximal

Le Ballet de Genève propose un programme de danse tricéphale, deux créations et une reprise, en conviant trois chorégraphes de la scène contemporaine. Et si les propositions de Cherkaoui et de Foniadakis s’en tiennent à un vocabulaire connu, Mandafounis crée une œuvre qui s’autorise à prendre des risques et s’appuie sur le champ lexical élargi des danseurs.

« Fall », évocation de la saison des feuilles mortes, de Sidi Larbi Cherkaoui, créé en 2015 pour le Ballet des Flandres, clôt cette soirée et se revendique comme une pièce en tout point classique ; elle considère les danseurs au pied de leur lettre, c’est-à-dire comme des interprètes de mouvements du répertoire, vaporeux, techniques mais sans émotions ni tentatives d’extirpation de leur formation première. Bien sûr, la musique d’Arvo Pärt réussit toujours son effet, à la fois envoûtante et mélancolique, mais les danseurs, épuisés par les deux pièces précédentes, faiblissent sur leurs appuis et nous dans notre attention.

Andonis Foniadakis, lui, se concentre sur le moment présent – « paron » en grec – et espère que la ligne musicale continue du « Concerto pour violon no 1 » de Philip Glass insufflera aux danseurs une fluidité élégante et entêtante. Les costumes, malgré les effets mousseux, sont écrasés par une scénographie qui peine à trouver sa justification : deux arcs de cercle suspendus, lourds et sombres, cherchent la pièce durant la lumière et le sens.

L’éclaircie est à observer au tout début du chemin. Ioannis Mandafounis choisit le lyrisme un peu pompier de John Adams et compose son « Fearful Symmetries » avec audace et une apparente décontraction qui conviennent à l’époque. Exit les robes de princesse et les tissus faussement froissés, place aux baskets, tee-shirts, jeans et autres attributs qui contextualisent visuellement gestes et intentions. Jouant habilement des individualités et de la force du groupe, le chorégraphe offre aux danseurs une partition riche et aux spectateurs des images fortes entre extensions et replis. Construit comme une succession de scènes où l’expression de l’animalité semble tisser le lien, l’ensemble de la pièce jouit d’une fraîcheur et d’une liberté bienvenues.