Petit précis de la catastrophe écologique

Auréliens

(c) Mathilda Olmi

Parce qu’il n’est pas question de baisser les bras ni les armes, face à la crise sanitaire inédite pour notre génération, François Gremaud a décidé de transformer son nouveau spectacle, adaptation de la conférence donnée par l’astrophysicien Aurélien Barrau à l’Unil en 2019 et qui devait se jouer au théâtre Vidy-Lausanne en cette fin d’année, en performance diffusée en live depuis un théâtre de Vidy désert sur Zoom.

On a connu les spectacles de l’artiste suisse loufoques et tendres, on le retrouve aujourd’hui homme engagé, préoccupé par l’avenir de la planète. Dans une famille où l’on pourrait également compter Pamina de Coulon, Joël Maillard ou Corinne Morel Darleux (autrice de « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce », paru la même année que la conférence d’Aurélien Barrau), le comédien et ex-étudiant en physique Aurélien Patouillard superpose sa voix à celle du scientifique et prouve encore une fois qu’on peut faire théâtre de tout, y compris de notre peur de la fin du monde.

Attention, toutefois : il ne s’agit pas de se flatter parce qu’on trie ses déchets. Il s’agit de regarder sans se cacher derrière son petit doigt l’état de la planète, d’admettre les limites de la fable du colibri et de comprendre que le problème écologique est un problème politique pour lequel, si on en parle tout le temps, on ne fait rien.

« Auréliens » reste pourtant un spectacle réjouissant. Réjouissant parce que accessible. Aurélien Barrau et Aurélien Patouillard ne manient pas de vocabulaire compliqué ou de concepts grandiloquents. L’écologie est affaire de toutes et tous, le spectacle se doit donc d’être fait pour tout le monde. Réjouissant parce que pas dans le déni, mettant au passage un taquet bienvenu à nos camarades conducteurs de 4 x 4 en ville et autres viandards acharnés qui accusent les inquiets d’être, au choix, des Cassandre ou des tyrans opposés aux libertés individuelles. Droit dans les yeux, les deux Auréliens nous le disent : on est dans la merde, les gars. Et nous en sommes, individuellement et collectivement, responsables. C’est un cri d’alarme que ce spectacle. Et un appel aux armes. Puissent-ils être entendus.