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Trilogie du revoir

(c) Christophe RAYNAUD DE LAGE

(c) Christophe RAYNAUD DE LAGE

Oui, l’absence de titre est volontaire. Hésitant entre « Vide », « Rien » ou « Néant », qui sont, pour moi, les trois mots qui caractérisent ce spectacle, je vous laisse le soin de choisir.

Après son « Platonov » (plutôt controversé), le jeune Benjamin du festival (haha) s’attaque à la « Trilogie du revoir », de Botho Strauss. Il continue le travail sur un thème qui unit les deux pièces : celui de la crise intime d’êtres sans repère.

En dehors du travail sur l’ennui qu’entreprend Porée, ce dernier décidant de le traiter de manière si conventionnelle qu’il n’en résulte qu’un effet soporifique, ennuyant réellement et profondément le spectateur (n’est pas Sofia Coppola qui veut), le vrai problème de ce spectacle reste son fond.

Porée s’est-il rendu compte de l’effet de miroir que son spectacle engendre ? En pensant signer une critique du milieu artistique bourgeois, il en devient le parfait exemple en réalisant un théâtre conformiste, conventionnel et formaliste, pour un public mondain. N’est-ce pas le comble de l’hypocrisie (et de la facilité) que de représenter cela ici, dans le IN d’Avignon ?

De ce manque de cohérence, il ne résulte qu’une pensée condescendante, qui pendant près de trois heures ne fait que s’écouter et se complaire dans une réflexion superficielle et simpliste du propos.

Ce spectacle orgueilleux, présomptueux, m’a fait me poser une grande question : est-ce qu’il n’y a pas une vraie responsabilité de Porée à jouer ici ?

En tant que jeune metteur en scène, ne doit-il pas représenter le théâtre de demain ?

Essayer, risquer, innover, changer. Ici, il manquait de l’idée, de l’engagement !

Pour paraphraser le spectacle lui-même, ici « l’Art est à la cave ».