Des métiers d’homme

C'est un métier d'homme

C'est un métier d'homme

© Stéphane Tasse

Deux comédiens, une contrainte : interpréter une succession d’autoportraits rédigés selon une seule et même forme. Ces textes, tout droit sortis du mouvement de l’Oulipo, fondé dans les années 1960 par Raymond Queneau, suivent tous rigoureusement la structure de « L’Autoportrait du descendeur », de Paul Fournel. « Mon métier consiste à descendre du haut de la montagne jusqu’en bas. À descendre le plus vite possible. C’est un métier d’homme », etc.

Ce sont ainsi une dizaine de ces métiers d’homme qui nous sont présentés. Du psychanalyste à l’écrivain, du séducteur au buveur (« Mon métier consiste à descendre du haut de la bouteille jusqu’en bas »), du djihadiste à la racine carrée de deux, chacun nous raconte les secrets, loufoques, de son « métier ». Ce sera pour l’un le pli de la fossette qui importe, pour l’autre la position de l’auriculaire, pour un troisième, enfin, le « petit doigt de pied qui fait la médaille ! ».

Au-delà de l’humour et de la part évidente de dérision qu’on retrouve dans ces textes, reste tout de même un peu de compassion pour ces hommes esseulés, récitant avec fierté leurs « talents » jusqu’à l’aveu de l’échec final, du « repos absolu ».

Un spectacle drôle et léger où l’on rit de bon cœur, de soi comme des autres. David Migeot et Denis Fouquereau, jonglant de personnage en personnage, forment un duo aussi déjanté que délectable. Si nous nous prenions au jeu de l’Oulipo, et l’on s’y prend vite, nous dirions qu’il y a eu Laurel et Hardy, il y a eu Dupond et Dupont, il y a eu Curtis et Lemmon, il y a eu de Caunes et Garcia, il y a eu Kermit et Piggy, et maintenant il y a eux.

Un bel exercice de style qu’apprécieront les oulipiens et les autres.