Trente-trois ans après sa création, le diable danse toujours, et les années ne semblent pas avoir de prise sur lui.
Un banc, une chaise, quelques vêtements, et la pièce peut commencer. Seul sur la scène du théâtre des Carmes, Philippe Caubère nous entraîne dans son univers, celui de son enfance et de son adolescence. À travers le personnage de Ferdinand Faure, le comédien nous fait découvrir un jeune garçon, en conflit régulier avec sa mère, rêvant de changer le monde, s’imaginant infléchir la politique du général de Gaulle avec un poème. Un jeune homme qui tente par le théâtre de s’affirmer en tant qu’être. La Fare-les-Oliviers, les premiers cours de théâtre, les premiers engagements politiques, chacun découvre ou redécouvre avec plaisir et humour Ferdinand Faure ainsi que tous les autres personnages qui ont fait la richesse du « Roman d’un acteur ».
Allant des membres de sa famille (comme Claudine, sa mère, qui occupe une place omniprésente pendant la pièce) à des personnalités comme Jean-Paul Sartre ou « Johnny » (figures emblématiques de l’avant-Mai 68 qui ont marqué son adolescence), Philippe Caubère ne se contente pas d’interpréter plusieurs personnages : il jongle subtilement avec eux, incarnant l’un (souvent sous forme de caricature), suggérant l’autre, modifiant sa posture ou ajoutant un élément de costume pour matérialiser ce changement. Face à cette multitude de personnages, de lieux et de situations, nous pourrions craindre de nous perdre, et pourtant rien n’y fait.
Philippe Caubère parvient à nous arracher à la logique de la réalité pour nous plonger dans celle du rêve, qui peut paraître farfelue, mais que seul le rêveur comprend. Et si, malgré tout, vous semblez perdu, Claudine franchira volontiers le quatrième mur pour vous aider à suivre tout en vous expliquant les règles du jeu.