C’est une intention honorable qu’ont eue Vincent Dussart et sa Compagnie de l’Arcade. Mais l’enfer, paraît-il, en est pavé…
S’il est un théâtre particulièrement difficile à réussir, c’est celui qui se veut politique : survoler le propos de son engagement reviendrait à manquer son but, mais chercher à forcer sa protestation aurait un effet grotesque. Cela aboutirait à une caricature.
C’est un peu ici l’écueil que n’évite pas hélas Vincent Dussart, mal aidé par la traduction d’Anne Monfort. Le texte de Falk Richter, dénonçant la compétition au travail, le profit, la recherche de la performance, le jeunisme – et plus largement portant un regard critique sur un monde guidé par l’économie – n’est pas aussi frappant qu’il pourrait l’être. Les raisons ?
Le texte d’abord – trop brut, trop répétitif souvent –, mais aussi la direction des acteurs : ceux-ci, incarnant cynisme et arrivisme, n’hésitent pas à grossir le trait, souvent à l’excès… Les « face public », nombreux, où s’enchaînent les tirades, sont déclamés souvent trop précipitamment. Où sont les pauses ? Les nuances ? Les silences ou les suspensions pour laisser à l’émotion ou à la crédibilité le temps de s’installer ? Force est de reconnaître toutefois que Xavier Czapla délivre une performance très respectable.
La mise en scène ensuite : s’il est indéniable que Dussart, et Frédéric Cheli à la scénographie et aux lumières, ont des talents d’esthètes et ont désiré offrir un spectacle plastique, ils n’évitent pas certains effets, certains gestes superflus…
La qualité principale de ce spectacle, toutefois, restera le fait qu’il suscite et provoque la réflexion sur son thème, au-delà de l’ennui qu’il pourrait inspirer à certains. Dans la salle, les spectateurs rient aussi, souvent, car Dussart ne fuit pas l’humour, tournant en ridicule le pathétique dénoncé.