Mystico-loufoque

On ne l’attendait pas !

Un grand maître de la scène théâtrale est présent cet été dans le festival OFF d’Avignon. Jorge Lavelli, qui tout au long de sa riche carrière n’a cessé de mettre en scène les auteurs de son temps, et pas les moindres, puisqu’il s’est agi de Handke, Pinter, Copi, Norén, Berkoff, Arrabal… monte et fait découvrir une très étrange pièce du dramaturge suédois peu connu en France Stig Larsson.

« On ne l’attendait pas » raconte le retour d’un père dans son foyer après une longue période de retraite passée on ne sait où, peut-être une île lointaine et exotique. Agité, tremblant de tous ses membres, il est recueilli par sa femme, qui a perdu la vue, et sa fille, sur le point d’être demandée en mariage. Il renoue avec sa famille en tentant de recomposer son passé.

Lavelli laisse partir la pièce dans des directions incertaines sans chercher à tout comprendre et à expliquer les nombreuses énigmes qu’elle recèle. Le canevas pourrait être celui d’un drame de salon traditionnel au départ, mais il dérape vite vers le conte mystico-loufoque, puisque s’ajoutent aux bribes de souvenirs apparemment véridiques des visions hallucinées et des divagations fantasmatiques. C’est à la fois drôle, délirant, tendu, violent et dérangeant. Les quatre jeunes et talentueux comédiens ne manquent pas de conviction pour défendre le texte et épousent le code de jeu vers lequel ils sont dirigés, à savoir quelque chose de complètement déréalisé, de beaucoup plus bouillant et pulsionnel que ce que l’on propose habituellement dans le répertoire nordique, toujours cantonné aux clichés du naturalisme analytique et à la froideur cérébrale. L’ensemble paraît néanmoins trop théâtral, un peu trop outré. Si le propos de la pièce parfois échappe, dans sa représentation elle passe trop en force.