Prenez Racine !

Prenez Racine !

Britannicus

L’alexandrin est en péril quand la diérèse n’est pas respectée. Le metteur en scène qui se tient quasiment tout le temps à cette règle parfois (on se demande bien pourquoi !) l’oublie. La diérèse se fait donc la malle et l’alexandrin aussi !

Résultat : un vers de douze pieds rime avec un de onze. L’oreille le perçoit. C’est un peu bancal. À l’image de cette représentation.

Nous étions à la dixième d’une création. Gageons que le spectacle va gagner en cohérence et se débarrasser progressivement de ses scories (cette danse, par exemple, qui n’ajoute rien à la gloire de Racine).

Première réserve : Britannicus, le personnage, ne nous a pas convaincus. Ce n’est pas parce qu’il finira mangé tout cru par Néron (en l’occurrence empoisonné) qu’il faut en faire une petite chose fragile au destin tout tracé. Il y a quelque chose d’héroïque chez cet homme qui ne nous est pas restitué ici. Seconde réserve (il n’y en aura donc pas d’autres) : Agrippine nous a laissés dubitatifs. Comme si on voyait de vieilles archives du Français, où chaque effet, chaque geste est appuyé. Dommage !

Néron, lui, « est dans la plaque ». Malgré un léger flottement au début, toute la perversité de la petite gouape impériale est bien là. Avec cette incapacité à résister à la plus petite de ses pulsions.

Kimiko Kitamura campe une Junie très juste. Brûlante, tout en essayant de garder la tête froide pour sauver l’objet de sa passion.

Pour le metteur en scène (et il a raison), Burrhus et Narcisse tiennent une place clé dans cette tragédie. Quelle bonne idée d’avoir choisi Guillaume Blanchard pour jouer les deux rôles ! Il faut le voir passer du fidèle et courageux Burrhus au traître et visqueux Narcisse : saisissant ! Un comédien à suivre donc, et que nous aurons grand plaisir à retrouver !