Putain de camion !

Amédée

Amédée

D.R.

Amédée a vingt ans. Et les préoccupations, les rêves d’un garçon de vingt ans : les filles, les copains, les jeux vidéo, devenir un jour pilote de formule 1 pour gagner beaucoup d’argent…

Un camion – l’accident stupide, forcément stupide – va mettre brutalement un terme à tout cela. Le voici tétraplégique sur un lit d’hôpital, le corps prolongé par une armada de tuyaux et communiquant difficilement par la pression de ses doigts avec le reste du monde. Bref… un légume.

Alors, bien évidemment la question se pose : Amédée, s’en débarrasser, ne pas s’en débarrasser ? L’aider à se débarrasser de lui-même ?

On pense bien sûr à ce navrant feuilleton, bien loin d’être terminé, et qui continue de déchirer toute une famille sous le regard complaisant des médias, tandis que les juges y perdent leur latin.

La pièce, créée en 2012, donc avant ce drame, s’inspirait déjà de faits réels ; c’est dire sa permanente actualité, sa glaçante gravité.

Pourtant, sa construction, sa dramaturgie donnent à ce spectacle une incroyable énergie. C’est plein de vie, c’est enlevé, c’est onirique ; par moments même, c’est très drôle (vous avez bien lu : très drôle) ! Et pourtant rien n’est éludé, rien n’est occulté.

Le plateau, très ingénieusement utilisé, nous fait suivre au plus près le petit monde d’Amédée : ses apitoiements, ses atermoiements, ses déchirements, ses renoncements. Magie du théâtre, nous parvenons même à entrer dans sa conscience ! Saluons ici la distribution, avec une mention spéciale pour la mère, incarnée par Chantal Trichet. On pense par moments à Catherine Hiegel, ce qui n’est pas rien !

Le public, venu en nombre, ne s’y trompe d’ailleurs pas. À la fin de la représentation, il fait une ovation aux comédiens. Et c’est bien mérité !