Sous surveillances

Contrôle

ContrôleNé d’une rencontre entre la metteur en scène Perrine Maurin et le musicien Anthony Laguerre, « Contrôle » revendique clairement sa filiation avec l’une des œuvres majeures de Michel Foucault, « Surveiller et punir ». Si le contenu n’en est pas repris en tant que tel, les problématiques demeurent et cadrent la proposition : quels sont donc ces mécanismes de mise en surveillance systématique qui innervent nos sociétés sous prétexte de satisfaire un besoin de sécurité sans cesse attisé par les appareils de contrôles, qu’ils soient économiques, politiques ou sanitaires ? Sujet passionnant mais risqué, parce que finalement assez convenu dans ce qu’il trimballe de peurs elles aussi standardisées ou de fantasmes simplistes et parfois manichéens.

L’entrée en matière, nous a, à ce titre, un peu inquiétés : sorte d’état des lieux des contrôles qui nous menacent, gravement énuméré au micro sur fond de rock sur dramatisant… Mais c’était aller un peu vite en conclusion et sans compter surtout sur l’intelligence du dramaturge et comédien Gurshad Shaheman et de son acolyte, le danseur Vidal Bini. À la gravité frontale de l’introduction succèdent bien vite subtilité, humour et rondeurs d’esprit. Le sujet prend corps et les degrés de sens se déploient dans un pas de deux parlé/dansé étonnant de finesse et d’efficacité. Si l’ensemble n’échappe jamais à un certain didactisme, la force des interprétations et la finesse de l’organisation dramaturgique permettent au spectacle de ne jamais s’enfermer sur lui-même. On respire, on rit, on réfléchit. La représentation terminée, on s’étonne qu’elle soit passée si vite. La salle, pleine, applaudit son plaisir sans retenue et semble repartir avec les bonnes questions en tête. Un succès heureux et mérité.