Tant Py, tant mieux !

Le Roi Lear

Le Roi Lear - (c) Christophe Raynaud de Lage

Le Roi Lear – (c) Christophe Raynaud de Lage

« Lear » est un sommet auquel tout metteur en scène qui se respecte se doit de s’attaquer un jour. Olivier Py s’y essaie. Il a raison : le directeur du festival – rappelez-moi son nom, déjà ? – lui a offert la Cour d’honneur. Il eût fallu être encore plus fou que Lear pour la refuser !

Au terme de la représentation à laquelle j’ai assisté, un chœur de spectateurs outragés s’est écrié : « C’est une honte ! C’est une honte ! »

À qui donc s’adressait cette bronca ? Au directeur du festival ? Au metteur en scène ? À l’homme qui réunit les deux fonctions et porte son ego en sautoir ? Un peu des trois sans doute…

Il serait grand temps de retrouver quelque mesure, et de ramener à la raison (je sais, avec Lear ce n’est pas facile) les excités, visiblement trop échauffés par la canicule !

« Lear » donc, qui ne mérite ni cet excès de Cour d’honneur ni cette indignité.

Commençons, pour une fois, par ce qui ne va pas.

On peut, à bon droit, être agacé par ces scènes arpentées en long et en large par des hommes nus (reconnaissons à Py un certain goût en la matière). Par ces néons ou tableaux noirs qui mettent en exergue une phrase, un mot. Par une parole hystérisée ; et, plus gênant depuis quelque temps, par un certain laisser-aller. À sa décharge, il n’est pas aisé de monter quatre opéras et une pièce la même année quand on est responsable d’un festival… et quel festival !

Tout cela a un prix, et c’est le spectateur qui le paie.

Maintenant, rendons à César ce qui est à César, et à Olivier ce qui est à Py.

Un sens formidable du plateau, une générosité jamais démentie, des acteurs menés tambour battant. Et pour ce Lear, le choix de Philippe Girard : un très grand Lear, et croyez-moi, j’en ai vu !

Je n’ai pas la place ici pour dire tout le bien que je pense de son interprétation. Mais une chose est sûre : elle restera dans nos mémoires !