Invisible humanité

Invisibles provisoires

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On nous avait promis un plateau dépouillé ; il y a du sable, des sacs de chantier et un bordel de planches et de poulies partout. On nous avait promis un chaos interne organisé, un entrelacs de textes parlant de la difficulté d’être au monde dans une société de plus en plus violente. On n’a rien vu de tout ça. Gloubi-boulga indigeste de textes hétéroclites et inégaux, on a du mal à voir où veut en venir la compagnie Vertiges parallèles.

On saisit pourtant des bribes. D’accord, la planche maniée par la danseuse au début du spectacle, encore et encore, est une métaphore (un poil lourdingue) de Sisyphe et son rocher. D’accord, on a compris que le château de planches du début qui termine en cabane symbolise la chute de l’être humain. Mais après ? Tout cela est un peu court.

Aucun humour, aucun recul dans cet agrégat mal fichu, mais pas mal de portes ouvertes enfoncées. On a regretté, à vrai dire, que la pièce ne soit pas uniquement visuelle. Le corps-à-corps de la danseuse et d’un comédien, se rapprochant pour mieux se rejeter, se défiant en se crachant de l’eau à la figure, voilà qui éveille notre intérêt. Mais tout retombe très vite comme un soufflé lorsque les textes interminables reprennent.

On regrette aussi la présence de tics du théâtre contemporain qui sont repris sans être dépassés : la musique en live et, pire, le micro. L’acharnement des metteurs en scène à mettre entre les mains de leurs comédiens des micros reste un des mystères du théâtre du début du xxie siècle.