Mondial du tatouage

DR

J’y suis allé avec un à priori plutôt positif. Arrivé à la Grande Halle de la Villette, première surprise, des milliers de spectateurs-acteurs dans une file d’attente interminable. Naïf, moi qui pensais que le tatouage était un domaine réservé à une frange très particulière de la population : les castes, les bad-boys, les voyous, les loubards, les malfrats, les yakuzas, les maoris, les marins, les spirits et les autres merveilleux allumés du genre…

A l’entrée, premier bar à bières puis le grand tour des tatoueurs du monde entier en train de s’échiner sur des bras, des jambes, des cuisses, des fesses. Dans le métro, j’étais dans le métro, pressé comme un citron, très vite envie de sortir pour m’installer, tranquille, au restaurant et observer la clientèle du mondial passer devant moi. Comment ne pas penser à l’insoutenable légèreté de l’être ou plutôt du paraître ? L’uniformité du look, les teintures de cheveux en rouge, les crânes rasés, les longues barbes cachent non pas une jeunesse rebelle mais l’apparence de celle-ci. Pasolini dans les “Ecrits corsaires” a écrit de belles choses à ce sujet.

J’ai vu toute une société perdue, cherchant à tout prix – 30 € l’entrée – à se distinguer, à se re-connaître, à trouver des re-paires, où les vieux Hell’s Angels sont devenus les mentors d’une jeunesse déroutée misant sur la forme plus que sur le fond pour émerger. Il m’a manqué un espace où on aurait pu voir l’histoire du tatouage et son influence éthique, rituelle, philosophique, anthropologique mais je n’y ai ressenti que l’attrape- couillons, la pompe à fric, le marché, la récupération du système, du fond par la forme.

Grande déception.