King Kong thérapie

King Kong Théorie

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Pourquoi fait-on du théâtre et pourquoi porte-t-on un texte sur la scène ? Sans aucun doute pour décupler la densité du texte et la force de son écho, ou encore pour mettre en avant un angle précis et donner corps à sa polyphonie. Bref, y ajouter une plus-value.

D’un côté, il y a le texte de Virginie Despentes. À la fois politique et intime, il est extrêmement fort et complexe à manier. Il s’attaque aux sujets de la féminité et de la masculinité, du viol des droits fondamentaux mais aussi du corps. Il apparaît ainsi nécessaire pour éclairer une liberté encore trop fragile et rappeler que rien n’est acquis. De l’autre côté, il y a l’interprétation du texte, la lecture de la compagnie Émilie Charriot. Dramaturgiquement parlant, c’est presque le néant. À quoi bon une mise en jeu aux allures de mise en lecture ? L’émouvant diptyque d’une confession parlée puis dansée laisse rapidement place à un ton vindicatif, dramatisé par des découpes lumineuses crues. Alors, le malaise s’installe. Le public est clivé entre la communauté du « vous, qui n’avez pas vécu et ne pouvez pas savoir » et celle du « nous, qui avons vécu et savons désormais ». C’est long, lent et violent, mais pas pour les bonnes raisons. Le manichéisme devient presque un poil démagogue, dans la mesure où il fait appel à une expérience intime, hermétique à toute nuance. Et à partir de là, la colère constructive attend la conclusion pour pointer le bout de son nez.

Le combat pour la liberté doit-il vraiment revêtir le masque d’un King Kong moralisateur et culpabilisant ? Et pourtant, l’initiative est mieux qu’un vide, c’est certain.