Ah, les communautés religieuses blanches traditionnelles américaines. Ça vous avait manqué ? À moi non plus. Il faut dire que les chants qu’elles entonnent sont sympathiques, mais que cela seul ne suffit pas, en substance, à allumer l’auditoire pendant près d’une heure.
La démarche ethnomusicologique qui accompagne la présentation des « Early Shaker Spirituals » affiche un but franc, avec un goût quelque peu naïf et léger. Manque de bol, on ne vous servira pas d’ironie new-yorkaise à la Woody Allen, mais plutôt un discours convenu sur un ton entendu qui vous fera d’abord gentiment sourire, pour finalement vous arracher quelques rictus, tel(le) celui ou celle qui attend la fin du show aussi impatiemment que la communauté de Sabbathday Lake espère le retour et l’amour du Seigneur.
Le show, justement, parlons-en. Ou plutôt parlons-en peu, puisqu’il ne s’agit ici que d’une présentation aseptisée d’une vingtaine de chants traditionnels. À tout moment, les quelques éléments du décor et les jeux de regards entre chanteuses, musicien, récitant et danseurs font espérer que le spectacle décolle enfin. On voudrait voir se briser cette image lisse et plate de performance live d’un ancien vinyle. Pourtant, voilà tout ce que vous aurez : la « face A » d’un album de recherche d’ethno. Vous sentez le groove ?
On met longtemps à accepter cet étrange sort, cet emprisonnement dans le cercle d’un disque folklo qu’on aurait choisi un peu par hasard, pour se heurter à une culture inconnue et, plus tard, briller en société. Pourquoi pas, c’est sans doute la came de certain(e)s. Mais malgré les quelques commentaires, on se demande tout de même s’il ne nous manquerait pas quelques codes pour briser l’herméneutique de cette drôle de parade musicale. Peut-être pour la « face B » ?