(c) Sonia Barcet
Mais qu’est donc allé faire la grande, la magnifique Catherine Hiegel, dans cette galère ? Près de trente ans après sa création par Patrice Chéreau, Arnaud Meunier s’attaque à son tour à la comédie acerbe de Bernard-Marie Koltès. Dans « Le Retour au désert » on voit une femme, Mathilde, revenir en France après un séjour prolongé en Algérie et réclamer Sa part de l’héritage familial auprès de son frère Adrien.
Problème : si la pièce a, certes, été pensée par son auteur comme une comédie, la mise en scène d’Arnaud Meunier frôle à plusieurs reprise la sortie de route boulevardière. Les cinq dernières minutes, dans une France de 2016 où le racisme continue de monter en flèche, mettent mal à l’aise avant de terminer en apothéose de mauvais goût et en chanson.
La musique, c’est l’autre problème du « Retour au désert » version théâtre de la Ville. Dans un hommage probable à Chéreau et à son fils spirituel Philippe Calvario (on se souvient de Patrice Chéreau et Pascal Greggory dansant dans la « Solitude des champs de coton » sur un titre de Massive Attack, ou de Xavier Gallais rentrant en scène sur Ricci e Poveri dans « Roberto Zucco », deux pièces de Bernard-Marie Koltès, il n’est pas inintéressant de le relever), Arnaud Meunier fait appel à la pop culture pour illustrer musicalement sa mise en scène. Malheureusement, l’artifice peine à prendre.
Il reste cependant quelques belles images offertes par la scénographie de Damien Caille-Perret, sobre et élégante. Les reflets des fougères sur les vitres la nuit ; les jeux d’ombre des bandits de l’OAS ; l’envolée d’Edouard vers le ciel. Si on reste sceptiques sur la direction d’acteurs, qui a tendance à lisser un texte qui n’en avait pas besoin, la mise en scène, elle, reste élégante et de bonne facture.